Le passage de l’éveil au sommeil chez le jeune enfant : l’épreuve du coucher


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Le passage de l’éveil au sommeil chez le jeune enfant : l’épreuve du coucher © Getty Images

Freud dans son livre Trois Essais sur la Théorie Sexuelle parle de la peur du noir chez les enfants. Cette peur correspondrait à une angoisse qui ne s’éteint jamais tout à fait et qui s’explique par le fait que dans l’obscurité, on ne voit pas la personne aimée si celle-ci ni ne parle, ni ne touche.

Dans sa deuxième théorie sur les angoisses, en 1926 dans Inhibition, symptôme et angoisse, Freud parle de l’angoisse dont témoignent les jeunes enfants séparés de leur mère. Pour lui, chaque angoisse reproduit le traumatisme de la naissance, si bien que l’angoisse de la naissance est le prototype de toutes les angoisses de séparation que l’on pourra subir par la suite et dont découlera alors le fantasme de retour dans le ventre maternel. Pour Freud, l’homme semble mettre plusieurs années, voire toute son enfance à surmonter ce premier traumatisme. Il ramène la sensation d’angoisse en général à l’angoisse physiologique (respiratoire) qui accompagne la naissance.

Un des exemples donnés par Freud est le cas typique de l’angoisse qu’éprouve un enfant quand il est laissé seul dans une pièce obscure, comme dans sa chambre à coucher, au moment où il doit se mettre au lit. Cette situation rappelle à l’enfant qui est encore sous l’impression inconsciente du traumatisme primitif, sa situation intra-utérine, sauf que dans ce cas-là, sa séparation avec la mère est intentionnelle, qu’il s’en rend compte et que l’utérus est remplacé par la pièce obscure ou par le lit chaud. Ce fantasme de retour au sein du ventre maternel, à la différence de Rank et Ferenczi, n’a pas pour Freud un but régressif, mais correspondrait au désir de l’enfant d’y occuper la place que son père y occupe de temps en temps pour une théorie de l’origine.

C’est au moment du coucher des jeunes enfants, vers l’âge de deux ans, que l’on va pouvoir remarquer les premiers rituels avant d’aller au lit. Ce moment implique pour l’enfant la séparation avec les parents et l’acceptation d’une certaine solitude même passagère. Les rituels chez l’enfant sont des rituels tels que demander un verre d’eau, faire un dernier câlin, se faire raconter une histoire puis une autre, laisser une veilleuse allumée ou laisser la porte de la chambre légèrement entrouverte.

Cet apprentissage difficile, le jeune enfant ne peut le faire qu’à travers la tendresse de son entourage proche, dans un climat de sécurité et de disponibilité correspondant à son besoin de relations et d’échanges. Pour s’endormir, l’enfant a besoin d’avoir intériorisé des objets suffisamment sécurisants pour accepter de régresser jusqu’au sommeil.

Si le trouble de sommeil caractéristique de cet âge-là persiste au-delà, on parlera de trouble d’angoisse de séparation qui d’après le DSM-IV se définit par une « anxiété excessive et inappropriée au stade du développement concernant la séparation avec la maison ou les personnes auxquelles le sujet est attaché » et que nous verrons plus en détail par la suite.

Les tout premiers rituels de l’enfant en réponse à cette angoisse sont instaurés en réalité par les parents qui, pour calmer les pleurs de leur bébé, lui donnent une peluche ou un objet pour que le bébé puisse se calmer et s’endormir plus calmement.

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