L’angoisse de mort


, publié le
L’angoisse de mort © Getty Images

En 1926, dans sa deuxième théorisation de l’angoisse, Freud parle de l’angoisse de mort en tant que désinvestissement libidinal du Moi, c’est à dire une sorte d’auto-abandon. Face à un danger qui entraîne une angoisse au niveau du Moi, celui-ci se laisse mourir, ne se sentant pas capable d’affronter ce danger.

Au vu de la deuxième topique freudienne en 1919, il semblerait là que les pulsions de mort (tournées vers la cassure) prennent le pas sur les pulsions de vie (qui sont là pour lier, organiser, assembler). Le but de la pulsion de vie qui comprend les pulsions d’autoconservation et les pulsions sexuelles c’est de lier (maîtriser) la pulsion de mort. Freud voit dans la pulsion de mort une sorte d’écho à la tendance qui pousse l’organisme à revenir à son état d’origine, à son premier état de non vie c'est-à-dire à la mort. Pour Freud, l’angoisse de mort a des ressemblances avec l’angoisse de castration.

La mort symbolise la perte dans toute sa splendeur, quand il y a mort il y a anéantissement, elle rassemble toutes les pertes possibles et inimaginables, c’est la fin de tout, le néant. Cependant la mort qui nous attend tous, nous la mettons tout le temps de côté et nous l’évitons autant que nous pouvons. Nous essayons de la passer sous silence et de faire comme si elle n’existait pas. C’est le fantasme d’immortalité.

L’angoisse de mort chez les personnes âgées est une angoisse existentielle de fin de vie. L’angoisse de mort a un lien certain avec la première perte du bébé à savoir la fin de la fusion d’avec le sein de la mère, la perte de ce plaisir oral et de toute puissance liée à la fusion. Freud en 1915 dans Considérations actuelles sur la guerre et la mort, donne sa définition de l’angoisse. Pour Freud, l’angoisse c’est l’état caractérisé par l’attente du danger et la préparation à celui-ci même s’il est inconnu.

Freud interprète cette angoisse en rapport avec l’angoisse de perte d’objet. L’angoisse de mort est réactivée au moment des séparations, des deuils car à l’instar du fantasme d’immortalité où l’homme ne se voit pas mourir, lors de chacune de ces séparations, la mort au sens de fin de vie ressurgit. D’après Brian Mishara et Robert Riedel, la peur de mourir se résume à trois craintes fondamentales, à savoir la peur de mourir seul, la peur de mourir dans l’obscurité et la peur de souffrir.

Partagez cet article